Parmi les facteurs internationaux qui influencent les exportations textiles chinoises, bien que le Vietnam n'ait pas exercé de pression directe significative par le biais de droits de douane stricts, d'enquêtes fréquentes sur les mesures correctives commerciales ou d'autres politiques commerciales directes, son expansion rapide dans l'industrie textile et de l'habillement et son positionnement précis sur le marché en ont fait un concurrent majeur de la Chine sur le marché textile mondial, en particulier sur le marché américain. L'impact indirect de sa dynamique de développement industriel sur les exportations textiles chinoises ne cesse de s'accentuer.
Du point de vue des trajectoires de développement industriel, l'essor de l'industrie textile et de l'habillement vietnamienne n'est pas un hasard, mais une « percée par clusters » soutenue par de multiples atouts. D'une part, le Vietnam bénéficie d'un avantage en termes de coût de la main-d'œuvre : le salaire moyen dans le secteur manufacturier ne représente qu'un tiers à la moitié de celui de la Chine, et son offre de main-d'œuvre est suffisante, ce qui attire un grand nombre de marques textiles internationales et de sous-traitants pour déployer leurs capacités de production. Par exemple, des marques de vêtements de renommée mondiale comme Uniqlo et ZARA ont transféré plus de 30 % de leurs commandes OEM de vêtements vers des usines vietnamiennes, ce qui a permis à la capacité de production de vêtements du Vietnam d'augmenter de 12 % en glissement annuel en 2024, pour atteindre une production annuelle de 12 milliards de pièces. D'autre part, le Vietnam a renforcé son accès au marché en signant activement des accords de libre-échange (ALE) : l'accord de libre-échange Vietnam-UE (EVFTA), en vigueur depuis des années, permet aux produits textiles et vestimentaires vietnamiens de bénéficier d'un traitement en franchise de droits lorsqu'ils sont exportés vers l'UE ; Français l'accord commercial bilatéral conclu avec les États-Unis prévoit également des conditions tarifaires plus préférentielles pour l'entrée de ses produits sur le marché américain. En revanche, certains produits textiles chinois sont encore confrontés à certains tarifs ou barrières techniques lorsqu'ils sont exportés vers l'UE et les États-Unis. De plus, le gouvernement vietnamien a accéléré l'amélioration de l'ensemble de la chaîne industrielle (couvrant la filature, le tissage, la teinture et la fabrication de vêtements) en créant des parcs industriels textiles et en offrant des incitations fiscales (par exemple, les entreprises textiles nouvellement créées peuvent bénéficier d'une exonération de l'impôt sur les sociétés pendant 4 ans et d'une réduction de 50 % pour les 9 années suivantes). D'ici 2024, le taux de soutien local de la chaîne industrielle textile vietnamienne est passé de 45 % en 2019 à 68 %, réduisant considérablement sa dépendance aux tissus et accessoires importés, raccourcissant les cycles de production et améliorant la vitesse de réponse aux commandes.
Cet avantage industriel s'est directement traduit par une augmentation rapide de la part de marché internationale. Dans un contexte d'incertitudes persistantes concernant le commerce textile sino-américain, l'effet de substitution du Vietnam sur le marché chinois est devenu de plus en plus évident. Les données sur les importations américaines de vêtements de janvier à mai 2025 montrent que la part de la Chine dans les importations américaines de vêtements a chuté à 17,2 %, tandis que le Vietnam a dépassé la Chine pour la première fois avec une part de 17,5 %. Derrière ces données se cache le flux et le reflux de la concurrence entre les deux pays dans des catégories segmentées. Plus précisément, le Vietnam a fait preuve d'une compétitivité remarquable dans des secteurs à forte intensité de main-d'œuvre tels que les vêtements en coton et les vêtements tricotés : sur le marché américain, le prix unitaire des t-shirts en coton exportés par le Vietnam est inférieur de 8 à 12 % à celui de produits chinois similaires, et le délai de livraison moyen est raccourci de 5 à 7 jours. Cela a incité les détaillants américains comme Walmart et Target à transférer davantage de commandes de vêtements de style basique au Vietnam. Dans le domaine des vêtements fonctionnels, le Vietnam accélère également son rattrapage. Grâce à l'introduction de lignes de production avancées en provenance de Chine et de Corée du Sud, ses exportations de vêtements de sport ont dépassé les 8 milliards de dollars américains en 2024, soit une hausse de 18 % en glissement annuel, détournant ainsi davantage de commandes de vêtements de sport milieu et bas de gamme initialement destinées à la Chine.
Pour les entreprises chinoises exportatrices de textiles, la pression concurrentielle du Vietnam ne se traduit pas seulement par une contraction des parts de marché, mais contraint également les entreprises chinoises à accélérer leur transformation. D'un côté, certaines entreprises textiles chinoises, qui dépendent du marché américain des produits milieu et bas de gamme, sont confrontées au dilemme des pertes de commandes et de la réduction de leurs marges bénéficiaires. Les PME, en particulier, manquent d'avantages de marque et de pouvoir de négociation, ce qui les place en position passive face à la concurrence des prix face aux entreprises vietnamiennes. Elles doivent maintenir leurs activités en réduisant leurs marges bénéficiaires ou en ajustant leur structure de clientèle. D'un autre côté, cette concurrence a également favorisé la modernisation de l'industrie textile chinoise vers un développement haut de gamme et différencié : un nombre croissant d'entreprises chinoises ont commencé à accroître leurs investissements en R&D dans les tissus écologiques (tels que le polyester recyclé et le coton biologique) et les matériaux fonctionnels (tels que les tissus antibactériens et les tissus thermorégulateurs intelligents). En 2024, le volume des exportations chinoises de produits textiles recyclés a augmenté de 23 % en glissement annuel, dépassant le taux de croissance global des exportations de textiles. Dans le même temps, les entreprises chinoises renforcent également la notoriété de leur marque, améliorant la reconnaissance de leurs propres marques sur les marchés européens et américains de milieu et haut de gamme en participant à des expositions internationales et en coopérant avec des designers étrangers, afin de se débarrasser de la « dépendance OEM » et de réduire la dépendance à un marché unique et à la concurrence à bas prix.
À long terme, l'essor de l'industrie textile vietnamienne est devenu un facteur important de remodelage du marché mondial du textile. Sa concurrence avec la Chine n'est pas un jeu à somme nulle, mais un moteur pour les deux parties afin de parvenir à un développement différencié à différents niveaux de la chaîne industrielle. Si les entreprises textiles chinoises parviennent à saisir l'opportunité de la modernisation industrielle et à créer de nouveaux obstacles à la concurrence dans des domaines tels que la R&D technologique, la construction de marques et la fabrication verte, elles devraient consolider leurs avantages sur le marché du textile haut de gamme. Cependant, à court terme, la pression concurrentielle du Vietnam sur le marché moyen et bas de gamme persistera. Les exportations textiles chinoises doivent optimiser davantage la structure du marché, développer les marchés émergents le long de la Ceinture et de la Route et améliorer l'efficacité des synergies de la chaîne industrielle pour faire face aux nouveaux défis de la concurrence mondiale.
Date de publication : 15 août 2025